Bonsoir,
très beau moulin donc !
Ci-dessous mon point de vue personnel, à prendre comme toujours avec moult précautions : mélangez avec les autres remarques des intervenants, touillez, laissez reposer, et faites passer le tout dans le tamis de vos propres convictions !
Peut-être un débit de ruisseau assez faible, et à l'époque un travail probablement en éclusées : remplissage du bassin la nuit, et turbinage le jour uniquement le temps de moudre. Même le temps de midi on fermait les vannes pour économiser l'eau. Aujourd'hui, le fonctionnement en éclusées est assez mal vu, car si en amont le débit est constant, il n'en est pas de même en aval : débit quasi nul pendant le remplissage de la réserve, et puis débit important quand on turbine : pas vraiment l'idéal pour l'écosystème. Ils travaillaient aussi probablement en faisant varier le nombre de rouets en marche (de 1 à 4 donc).
Les trompes forment des injecteurs qui donnent de la vitesse à l'eau, avant d'attaquer les rouets. Elle ne donnent pas plus d'énergie, on transforme seulement une grosse section avec passage lent de l'eau en une petite section avec passage rapide (un peu comme un injecteur de turbine Pelton)
Techniquement, il y a quantité de solutions possibles : réhabiliter ce qui existait à l'identique, ou placer une ou deux petites turbines, entraîner des alternateurs ou des génératrices, vendre le courant, ou le garder pour l'alimentation du logement (éclairage, chauffage, appareils électroménagers, etc...)
Vous avez quasi certainement un droit d'eau, puisque ce moulin ancien a été utilisé. Il est rarissime qu'un droit soit retiré par la préfecture, ou que le propriétaire y renonce spontanément : donc juste un bon travail de recherche de paperasses (voir forum). En plus votre moulin est (presque) en parfait état de fonctionnement : il n'y a pas à proprement parler de remise en état, vous ne faites que faire marcher un moulin qui a quasiment toujours été en état de tourner, avec aucun travail de génie civil ou sur le cours d'eau. Ce moulin ne semble pas avoir été modifié (rehausses, etc...). Donc faites aussi un dossier photos à ce jour, et retrouvez dans vos archives des photos ou dessins d'époque. Constituez avec ces archives un dossier administratif le plus complet possible (par exemple avec aussi les livres de recettes du moulin), sorte de carte grise du moulin, dossier gardé en lieu sûr hors incendie et inondation, plus un scan et une copie numérisée avec backup en ligne ou enterré au fond du jardin (c'est ce que je fais avec mes disques durs ! mais je frise la paranoïa).
Les vannes sont fonctionnelles et ont toujours été bien gérées, donc personnellement je ne rameuterais pas toute la région, pour ce simple redémarrage d'une installation qui n'a été arrêtée qu'un court laps de temps (quelques années, rapportées à l'échelle de la vie de la rivière, et de celle du moulin de 1766 qui a probablement fonctionné pendant près de 250 ans).
Ceci ne dispense pas de déposer une déclaration de travaux si vous souhaitez une intervention mineure sur quelques éléments de génie civil : reprise de joints, remplacement d'une vanne, enlèvement d'un dépôt de boue localement.
Puis il faut déterminer la chute dont vous disposez :
- - le niveau maximal amont est probablement la crête du déversoir de sécurité.
- pour le niveau aval vous pouvez prendre en première approche le niveau actuel de l'eau à l'évacuation, qui changera probablement peu en fonctionnement, vu le faible débit (les vannes ouvrières 3 et 4 sont en effet assez petites).
- les distances entre amont et aval étant faibles, pouvez utiliser un petit niveau laser de bricolage, on en trouve à moins de 50 € valise et trépied compris ! C'est une infâme camelote, mais j'en avais acheté un pour rigoler : après reprise au tour du support pivotant, diminution des jeux, et graissage du plateau pivotant sur 3 vis à ressorts, je l'ai vérifié dans un grand hangar (mesures croisées), et j'ai trouvé une précision de l'ordre de 3 mm sur 30 mètres, ce qui suffit dans bien des cas. Le seul point important est que la bulle et le laser soient bien collés et alignés entre eux.
Faute d'informations par une station de mesure,il faudrait ensuite estimer votre débit turbinable au fil des saisons : c'est assez facile et précis dans le cas de ce "petit" ruisseau, en coinçant une planche en travers, entre les berges, bien horizontale, avec des cailloux et de la terre à sa base pour que l'eau ne passe pas, et en mesurant chaque semaine la hauteur de la lame d'eau au dessus de la planche (formule en page 20 et plus du vieux grimoire disponible ici :
http://dbhsarl.eu/forum/viewtopic.php?f=5&t=151). Pour améliorer la précision, vous pouvez biseauter le haut de la planche, ou fixer une fine tôle, pour obtenir une paroi mince.
déversoir à paroi mince page 21.jpg
Avec ça, vous connaîtrez la puissance hydraulique de votre moulin, en travaillant au fil de l'eau, mois par mois (puissance_hydraulique_en_Watts = chute_en_mètres * débit_en_litres_par_seconde * 9,81)
Et ensuite seulement vous pouvez dimensionner une petite turbine par exemple.
A vue de nez, vous allez tirer au mieux une dizaine de kW utiles de cette installation, c'est suffisant pour l'autonomie énergétique d'un logement. Cette puissance peut paraître faible aujourd'hui, il faut se rappeler que 10 kW c'est la puissance de travail de 13 chevaux de trait, ce qui était considérable à une époque ou avoir un cheval était déjà un luxe (le bœuf étant plus courant) (mais je m'égare). Cela donne environ 2,5 kW par rouet. Avec environ 2 m de chute (rouets à l'air libre), 0,6 de rendement global (rouets simplistes, mais utilisation directe par la meule), ça fait un débit d'eau de 2500 / (0,6 * 9,81 * 2) = environ 200 l/s ce qui semble plausible d'après la taille des "injecteurs".
Problème, l'arrivée d'eau est divisée en 4 trompes ... L'idéal serait d'installer 4 petites turbines ( mais $ !)
Vous pouvez aussi fusionner les rouets 2 à 2, et installer une petite turbine par trompe : fusion des deux sorties d'une trompe par un V de chaudronnerie alimentant une petite turbine sous bâche. Une seule turbine tournerait en été (peu d'eau, mais peu de besoins électriques), et les deux tourneraient en hiver (plus d'eau, chauffage).
On remarque qu'une des deux trompes est condamnée, coté entrée et sortie : peut être le débit du ruisseau a-t-il diminué au fil des ans : puisages, détournements, infiltrations, ... Auquel cas une seule turbine serait envisageable.
Enfin il semble que les 4 rouets d'origine supportaient assez bien les branches, feuilles, etc (car pas de grille). Ce n'est pas le cas des petites turbines, donc prévoir une grille.
Autre solution : restaurer les 4 rouets tels qu'ils étaient, pour le coté historique et patrimoine, et installer une petite turbine carrément à l'extérieur des bâtiments, par exemple vers le déversoir. Pas de difficultés techniques, une plus grande liberté de mouvement, et la possibilité de réaliser une installation très discrète, pour ne pas gâcher l'aspect de ce magnifique moulin.
Essayez en un premier temps de trouver les réponses aux trois questions ci-dessus (droit d'eau, hauteur, débit) !
(en tous cas je répète : moulin magnifique

)
Cordialement
dB-)
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