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Destruction des Chaussées des Moulins !!!

Publié : 29 juin 2010, 23:15
par Admin
Bonsoir,

les seuils des moulins et micro-centrales sont parait-il responsables de la disparition du poisson dans nos rivières, et on envisage la destruction de ces 'obstacles'. A une certaine époque, il y avait plus de 100 000 moulins en France, et les rivières regorgeaient de poissons : extrait de l'Ami Fritz (Herckmann Chatrian) :

Ils se mirent à redescendre, et, sur le bord de la rivière, à cent pas de la ferme, l'anabaptiste, s'arrêtant de nouveau dit:

«Monsieur Kobus, voici l'idée dont je vous parlais tout à l'heure. Voyez comme la rivière est basse ici; tous les ans, à la fonte des neiges, ou quand il tombe une grande averse en été, la rivière déborde; elle avance de cent pas au moins dans ce coin; si vous étiez arrivé la semaine dernière, vous l'auriez vu plein d'écume; maintenant encore la terre est très humide.

«Eh bien! j'ai pensé que si l'on creusait de cinq ou six pieds dans ce tournant, ça nous donnerait d'abord deux ou trois cents tombereaux de terre grasse, qui formeraient un bon engrais pour la côte, car il n'y a rien de mieux que de mêler la terre glaise à la terre de chaux. Ensuite, en bâtissant un petit mur bien solide du côté de la rivière, nous aurions le meilleur réservoir qu'on puisse souhaiter pour tenir de la truite, du barbeau, de la tanche, et toutes les espèces de la Lauter. L'eau entrerait par une écluse grillée, et sortirait par une claie bien serrée de l'autre côté: les poissons seraient là dans l'eau vive comme chez eux, et l'on n'aurait qu'à jeter le filet pour en prendre ce qu'on voudrait.

«Au lieu que maintenant, surtout depuis que l'horloger de Hunebourg et ses deux fils viennent pêcher toute la sainte journée, et qu'ils emportent tous les soirs des truites plein leurs sacs, il n'y a plus moyen d'en avoir. Que pensez-vous de cela, monsieur Kobus, vous qui aimez le poisson d'eau courante? Toutes les semaines, Sûzel vous en porterait avec le beurre, les œufs et le reste.

—Ça, dit Fritz, la bouche pleine d'admiration, c'est une idée magnifique. Christel, vous êtes un homme rempli de bon sens. Depuis longtemps j'aurais dû penser à ce réservoir, car j'aime beaucoup la truite. Oui, vous avez raison. Tiens, tiens, c'est tout à fait juste! Pas plus tard que demain nous commencerons, entendez-vous, Christel? Ce soir, je vais à Hunebourg chercher des ouvriers, des tombereaux et des brouettes. Il faut que l'architecte Lang arrive, pour que la chose soit faite en règle. Et, l'affaire terminée, nous sèmerons là-dedans des truites, des perches, des barbeaux, comme on sème des choux, des raves et des carottes dans son jardin.»


Bien sûr, il n'y avait alors pas de voitures sur les routes, donc peu d'écoulements d'huile ou de vapeurs d'hydrocarbures, ni de milliers d'hectares goudronnés, pas de réchauffement climatique, ni de pics d'ozone, pas d'élevages de porcs ou volailles concentrationnaires, pas d'engrais, de pesticides ou d'herbicides déversés en masse dans les champs ou dans les jardins, ni d'antibiotiques ou de contraceptifs dans les toilettes, pas de gigantesques décharges d'ordures suintantes, peu de prélèvements intensifs pour l'irrigation, ni de remembrements et suppression des haies, ni d'utilisation industrielle intensive de plomb, d'aluminium, mercure, amiante, PCB ..., une pollution industrielle ou domestique des dizaines de fois inférieure à celle actuelle, on ne balançait pas des milliers de tonnes de sel sur les routes l'hiver, l'eau de pluie était potable et ne perçait pas les chéneaux, les cours d'eau n'étaient pas dérivés pour refroidir des réacteurs, etc etc ...

Les rivières étaient entretenues, justement pour faire tourner les moulins, et on n'y pêchait pas de canettes, pneus, bouteilles plastiques, balles de tennis, ou couches culottes, comme j'en ai encore retrouvé il y a quelques jours dans ma grille...

dB-)

L'Ami Fritz http://www.gutenberg.org/files/18340/18 ... 8340-h.htm
Les moulins vont-il sauter ? http://www.infos-dieppoises.fr/Archives ... Colere.htm
Le Monde des Moulins http://www.fdmf.fr/index.php?tg=fileman ... le=n09.pdf
Des eaux si belles http://www.daubensand.com/page/article_ ... 0&page=219

GERONIMO, l'Apache Chiricahua, fils de Taa di tlish hn et de Gha den dini "Celle qui est traversée par la lumière", sage parmi les sages, a dit, voilà plus d'un siècle : "Quand le dernier arbre aura été abattu, quand la dernière rivière aura été empoisonnée, quand le dernier poisson aura été pêché, alors on saura que l'argent ne se mange pas."

Ci-dessous : la preuve de la dangerosité des seuils ! Specimen d'Homo Barbotus bloqué par une grille, et ne pouvant rejoindre sa compagne qui est de l'autre coté ! noter son désarroi ! Encore une espèce menacée ! (bon, j'admets que cette blague est nulle et mal placée)

Re: Destruction des Chaussées des Moulins

Publié : 06 sept. 2010, 11:42
par Admin
Bonjour,

plus sérieusement, ci-joint une étude réalisée par l'association agréée de protection de la nature 'Le râle des genets' : cette étude concerne le bassin de la vallée de l'Oise, mais peut je pense être en partie extrapolée aux autres bassins.

Elle récapitule bien le problème de la dégradation de la qualité des cours d'eaux, des différentes interventions plus ou moins heureuses des dernières décennies, et de la solution qui consiste à supprimer les seuils.

Meilleures salutations

didier Beaume

Re: Destruction des Chaussées des Moulins

Publié : 07 sept. 2010, 09:47
par From
Merci pour ce document.

Il est vrai que "l'analyse" des débris de grilles en dit long sur l'état de la rivière.

Une anecdote : Il y a à 2 km en amont de mon moulin une usine ou sont incarcérées 8 000 truies, dans les conditions épouvantables bien connues de ce genre d'établissements. Ces animaux produisent des quantités industrielles de lisier , vaguement traité par décantation et épandage. Bien entendu, le propriétaire ne peut traiter qu'une infime partie de sa "production" et a donc trouvé la bonne idée : il donne gratuitement lisier + prêt de la tonne aux agriculteurs du coin, qui ravis d'avoir des nitrates gratos, s'empressent en avril et mai d'épandre cette merde sur leur terre, et sans compter la dépense puisque c'est "open bar". Comme la plupart des terres sont drainées, on ne tarde pas à voir la rivière s'iriser de manière caractéristique.
A ce moment de l'année, je récolte de 30 à 40 poissons morts par jour, alors qu'en temps normal, il y en a un tous les deux jours environ.
Ce producteur de porcs, malgré son altruisme agricole, ne parvient pas à se débarrasser de son liser malgré tout : la solution est la vidange directe sur un terrain en jachère, dans lequel débouche un tuyau en direct de sa fosse ....

Le reste de l'année, le résultat de ces pratiques est un état trophique désolant du cours d'eau, avec une profusion d'algues et d'herbes dans une eau verte dès que la température extérieure dépasse 15°.

Il n'y a qu'au milieu de l'hiver qu'on revoit le fond de la rivière ...

J'ai été comme beaucoup d'entre nous harcelé par la police de l'eau qui a exigé une tonne de papiers pour établir mon droit d'eau, avec l'objectif de détruire un maximum de seuils...
Lorsque j'avais dénoncé les problèmes liés à cette porcherie et la destruction subséquente du milieu, je n'avais pas eu de leur part la moindre réaction, le moindre constat, ni même l'honneur d'une réponse.

Re: Destruction des Chaussées des Moulins

Publié : 08 sept. 2010, 16:29
par PERRET
Bonjour,

Bien que ce ne soit pas tout a fait l'objet de la rubrique, je ne peut m'empêcher de répondre à FROM.

Il y a quelques années un petit usinier s'était manifesté auprès de diverses Administrations pour signaler que l'eau de la rivière était, en étiage, blanche comme du lait.
En effet une papeterie y déversait ses rejets quelques kilomètres en amont.

Quelques réponses, mais la plus savoureuse reçue a été celle du CSP lui demandant de prévenir le garde-pêche lorsqu'il trouverait des poissons mort à la grille afin d'établir procès verbal et pouvoir ainsi assigner le pollueur.

L'usinier a eu beau jeu de répondre qu'il n'en trouvait jamais, ce qui était vrai, vu qu'il n'y avait plus de poissons dans la rivière.

Cette pollution a ensuite cessé, la papeterie ayant fermé ses portes. Mais les poissons ne sont pas revenus. Et le bon état chimique de l'eau n'est pas près d'être atteint tant que l'ONEMA n'aura pas d'autres idées que la destruction des seuils. Il est si facile de trouver un bouc émissaire, en l'occurrence les propriétaires de moulins.

Avantage pour l'usinier, la rivière, pourtant en zone rurale, toujours polluée, échappe de ce fait au classement des cours d'eau. D'ailleurs pourquoi faire une passe à poissons s'il n'y a plus de poissons !

CP

Re: Destruction des Chaussées des Moulins

Publié : 09 sept. 2010, 13:31
par MHEC
Bonjour à tous,

Suite d'une convocation par la DDT de mon département en janvier dernier, j'ai été extrêmement surpris d'apprendre que le Préfet prépare des arrêtés concernant les moulins en ruines ou non entretenus.

Si j'ai bien compris:
-Dans un premier temps le service de la préfecture envoie un courrier simple aux Propriétaires afin que ceux-ci remettent en état les éléments régulateurs des ouvrages (déversoir, vannage).
-Ensuite, si les Propriétaires refusent d'obtempérer, relance par lettres avec AR.
-Si pas de résultat, les seuils ou vannages seront démontés afin que, soit disant, pour une meilleure montaison ou dévalaison du poisson.

Personnellement, à l'annonce de ces mesures préfectorales, je suis resté sans voix. Ces moulins existent depuis plusieurs siècles, font parties du patrimoine national et selon des anciens pêcheurs, le poisson à toujours trouvé sa place dans la rivière.

Pourquoi, à ce jour l'administration est-elle si agressive ? Les Propriétaires n'ont pas forcément les moyens de remettre en état les installations hydrauliques donc, qui va payer la facture ? Peut-être une façon à l'administration de supprimer les droits d'eau ?

Qu'en pensez-vous ?

Bien cordialement

PV

Re: Destruction des Chaussées des Moulins

Publié : 09 sept. 2010, 21:05
par Admin
Bonsoir,

si cela se vérifie, on pourrait penser que (tout ceci n'engage bien sûr que moi !) :

a) il ne s'agit pas d'une initiative locale, la décision vient de plus haut : application d'une directive quelconque

b) les grenelles servent surtout à passer à la télé et à brasser du vent (pratique pour les éoliennes).

c) ça va être dur de lancer tous ces travaux de destruction de barrages, vu l'état des finances publiques ...

d) quelques démolitions sont peut être justifiées et légalement possibles : barrages mal construits après 1919, ou ayant causé des problèmes, ou devenus inutilisables. Mais la plupart des autres destructions (destruction de barrages fondés en titre ou avant 1919 ?) seront peut être médiatisées et attaquées devant les tribunaux administratifs, la cour Européenne, ou autres institutions, par des associations locales aidées d'avocats, et suivies des habituelles marches arrières, voire de la reconstruction de ce qui avait été détruit !

e) les élections approchent, tout peut changer (?)

f) il suffit aussi d'un nouvel accident nucléaire, ou d'une augmentation du prix du baril de pétrole, pour se rappeler qu'il existe heureusement l'hydroélectricité.

g) globalement, on peut regretter le faible poids des petits producteurs d'hydro-électricité, qui sont désignés comme responsables de la dégradation des cours d'eau, face à la puissance des réels pollueurs, que sont certains éleveurs, certains céréaliers, certaines centrales nucléaires, certaines papeteries, ou industries diverses, etc...(remarquez les nombreux 'certains' placés ça et là pour ménager les susceptibilités !)

h) je proposerais bien à titre de protestation un arrêt symbolique des petites centrales hydroélectriques, un jour d'hiver en période de pointe, pour faire déclencher tout le réseau !

Bon, c'était mon quart d'heure grognon !

Amicalement

dB-)

Re: Destruction des Chaussées des Moulins

Publié : 09 sept. 2010, 21:28
par pierre
bonsoir
Ma dernière discussion avec la police de l'eau m a mené à appeler une personne d'un SDAGE.
Il y a un objectif pour 2015 fixé par l'Europe pour "restaurer la continuité écologique" de nos rivières (libres circulation des poissons et sédiments) => arrasement des barrages.
Expliquant que
- barrage ruiné était différent de delabré (document du ministère à l'appui),
- qu'une installation antérieure à 1919 < 150kW avait les memes droits qu'un fonde en titres...
on m'a avoué que l'administration souhaitait passer en force. Mais qu'elle s'exposait à des problèmes juridiques...

a mon avis, il faut proner le dialogue. Ecouter et comprendre. Les rassurer sur les debits reservés...

Pour les novices comme moi, il faut trouver des infos claires. En voici des officielles!
http://www.developpement-durable.gouv.f ... titre.html + tous les autres chapitres

En tout état de cause, cela freine forcément un jeune passionné comme moi à me lancer dans l'hydroelec.
Bonne soirée

Re: Destruction des Chaussées des Moulins

Publié : 10 sept. 2010, 10:08
par PERRET
Bonjour,

Effectivement, quand on a une position dogmatique, on trouve de l'argent.
Il y a quelques années la région avait une présidente "verte" ;
Voila le résultat :

<< Financements de l'Agence Artois-Picardie

Taux maximal de subvention accordé pour les travaux visant à la restauration de la continuité écologique des cours d'eau

Effacement d'ouvrages :
- 100 % sur les cours d'eau classés en Liste 2 et sur les ouvrages du Plan Anguille
- 80 % sur les autres cours d'eau

Aménagement de passe à poisson
- 100 % pour l'aménagement de dispositifs spécifiques pour l'anguille
- 80 % pour l'aménagement sur seuil résiduel « vannes ouvertes »
- 60 % pour les ouvrages des cours d'eau liste 2 ayant un usage économique avéré au 31/12/2006, usage pour lequel la fermeture des vannes est nécessaire, à condition que le propriétaire finance au moins 25 % du montant total des travaux, et que son ouvrage soit réglementairement autorisé
- 40 % pour les ouvrages hors liste 2 ayant un usage économique avéré au 31/12/2006, usage pour lequel la fermeture des vannes est nécessaire, à condition que le propriétaire finance au moins 25 % du montant total des travaux, et que son ouvrage soit réglementairement autorisé

Opérations globales :
Une majoration exceptionnelle du taux de participation financière, permettant de dépasser le taux de 80% de financement public si cela s'avère nécessaire, peut être apportée pour les opérations globales, concernant la totalité du linéaire d'un cours d'eau sur lequel l'état physique est le facteur limitant pour l'atteinte du bon état écologique. Ces opérations doivent avoir un fort impact écologique prévisible et être accompagnées d'un dispositif d'évaluation précis et rigoureux, réalisées dans un cadre partenarial et avoir un caractère reproductible

Aucune subvention ne pourra être accordée par l'Agence de l'Eau Artois-Picardie

pour les ouvrages ne faisant plus l'objet d'un usage économique, les ouvrages utilisés pour un usage autre que celui pour lequel ils ont été autorisés, les ouvrages utilisés dans un but récréatif >>

Il est certain que dans cette région beaucoup d'ouvrages n'avaient pas grande valeur économique, les hauteurs chutes étant très faibles. Beaucoup de moulins, transformés en résidences secondaires, n'avait pas de gestion des vannages d'où débordements lors d'un orage et sédimentation des biefs. D'autre part la majorité des cours d'eau de quelque importance avaient été canalisés.

CP

Re: Destruction des Chaussées des Moulins

Publié : 11 sept. 2010, 23:41
par Admin
Bonsoir,

quelques liens sur la démolition des seuils :
Plusieurs vidéos d'explosions de barrages (!) sur Youtube : chercher "dam explosion" ou "dam demolition" sur Google !!

dB-)

Re: Destruction des Chaussées des Moulins

Publié : 14 sept. 2010, 11:57
par altoto
Bonjour à tous,

Effectivement il va y avoir une recherche des "autorisations" des seuils et barrages par l'administration. Dans le cas des fondés en titre, comme ceux-ci ne sont pas repertoriés au titre de l'autorisation ou de la concession, l'administration "risque" (je me doit de rester prudent :D ) d'avertir les propriétaires d'anciens moulins que sans autorisation, il ne sont pas légitimes à posséder ces barrages.
Deux cas:
1. le propriétaire est "novice" et prend peur au vue d'une lettre AR du prefet et se "soumet". Un arrêté prefectoral actera la renonciation du droit fondé en titre par le propriétaire.
2. le propriétaire connait ses droits et fait reconnaitre l'existence et la consistance légale de son moulin.

Bien évidemment, il faut pousser vers la deuxième solution!!!

Il faut donc engager tous les proprétaires de moulins à anticiper cette démarche de l'administration qui ne vise qu'a faire renoncer les propriétaires non exploitants!!!
La reconnaissance de la consistance légale peut être faite sans que le moulin ne soit exploité, car ce n'est pas le non usage qui fait perdre le droit d'eau mais bel et bien la disparition des ouvrages.
Petite note: le moulin perd son droit si la totalité des ouvrages a disparu, pas s'ils sont seulement délabrés ou non entretenus ;)